Top – chansons de Nöel

Bad Kid - JD McPherson

Cela fait déjà une bonne dizaine d'années que le guitariste JD McPherson et son groupe dynamitent l’esprit du Rock n’ Roll d’antan avec force panache. Plus fort que les boomers pontifiants qui ne peuvent s’empêcher de vous répéter à tue-tête à quel point ils auraient aimé “faire Woodstock”, JD McPherson, lui, c’est les blousons en cuire, la laque pour les cheveux et le rockabilly qu’il regrette. Entre Little Richard et Eddie Cochran, la musique du rocker certes réminiscente d’un autre temps, mais elle est surtout emprunte de toute la fougue et la bonne humeur gouailleuse d’un loubard gominé qui se respecte. En bon ambassadeur des fifties, JD McPherson, visiblement imperméable à la naphtaline, décide en 2018 de ramener le bon vieil album de Noël sur le devant de la scène. Socks, c’est le titre du LP où on peut entendre la formidable Bad Kid, somptueux titre rythm and blues aux paroles décalées où un petit cancre va régler son compte au grand barbu qui ne lui apporte jamais de cadeau. Noël peut-être, mais Noël de mauvais garçon. Ça reste du Rock ‘n Roll après tout….

Ain’t no chimneys in the projects - Sharon Jones and the Dap-Kings

Les projects font référence dans la culture nord-américaine, aux logements sociaux construits en zone urbaine, l’équivalent anglo-saxon des HLM de banlieue en Europe. Ils sont en général assez excentrés et sont associés à une forte misère sociale ainsi qu’à un taux élevé de criminalité. Une autre caractéristique des projects, comme a tôt fait de le remarquer l’’immense Sharon Jones, n’ont pas de cheminées, ce qui rend de fait la tâche du petit papa Noël très ardue. Avec son groupe les Dap Kings, la chanteuse de soul s’amuse de l’image un peu désuète du père Noël distribuant les cadeaux par les cheminées en soulignant à quel point elle est le produit d’une réalité américaine très éloignée des quartiers chauds. En effet, les banlieues pavillonnaires, leurs garages, leurs jardins et leurs sapins de Noël, Sharon Jones ne les a pas connus. Ça ne lui a cependant pas empêché d'enregistrer avec ses Dap-Kings un excellent album de fêtes, It’s a Holiday Soul Party, aux couleurs funk et soul où la, aussi amusante que touchante, Ain’t no Chimneys in the projects tire son épingle du jeu…

Il est né le divin enfant - Siouxsie and the Banshees

Qui eut cru que les lurons pâlichons aux milles mèches rebelles de l’iconique Siouxsie and the Banshees - formation assez peu présente dans la culture populaire mais classée très haut dans la catégorie “groupe préféré de ton groupe préféré” - jettent un jour leur dévolu sur un vieux chant de Noël catholique. En effet, Siouxsie and the Banshees, le groupe mythique de post-punk qui aura influencé toute la New Wave, le rock alternatif, le trip hop et tous les adolescents gothiques du monde ont un jour enregistré pour la télévision française une reprise d’Il est né le Divin Enfant. Si le choix du standard est étonnant, le fait que le groupe ait rendu une version réussie l’est encore plus. La voix en canon de Siouxsie Sioux fait oublier son accent maladroit et la sombre orchestration, pastichant les marches militaires, confère au tout une surprenante majesté. Le décalage est accentué par un “clip” lunaire où le pauvre monteur a manifestement dû composer avec environ quatre plans mis en boîte par l’équipe de tournage. En plus, il y a Robert Smith de Cure aux cymbales. Ça change de Tino Rossi…

Must be Santa - Bob Dylan

Bob Dylan est une des rares personnes dont on peut légitimement affirmer qu’elles ont eu mille vies. Tour à tour beatnik à la voix nasillarde, visage de la révolution culturelle américaine, passeur de la tradition musicale états-unienne, crooner, acteur, poète, peintre ; le barde aura traversé les générations, les rôles et les époques en étant toujours aussi insaisissable. C’est donc sans surprise qu’en 2009 on le voit sortir Christmas in the Heart, un album de Noël. Dans cette collection de curieuses reprises de classiques de Noël où Dylan traîne sa voix plus nasillarde pour un sou - les cigares et l’alcool sont passés par là - se distingue hallucinée Must Be Santa. Sur un rythme de polka endiablé, ce standard répétitif qui liste tous les attributs du père Noël est indissociable de son clip inquiétant et surréaliste où un homme essaie par tous les moyens d’échapper à une célébration de Noël dans une grande maison sans qu’on ne sache vraiment pourquoi.  Même quand il chante Noël, Bob Dylan n’est jamais vraiment là où on l’attend. Insaisissable on vous dit…