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Conviviale et intergénérationnelle

A Belfaux, la société de tir à 300 m a peut-être 125 ans, mais elle attire les jeunes et les fines gâchettes

Adrien de Steiger, Jean-Marc Sallin, Antoine Chassot et Alexandre Schouwey (de gauche à droite) posent devant les douze cibles du stand belfagien qui font la fierté de cette société de tir à 300 m. © Alain Wicht
Adrien de Steiger, Jean-Marc Sallin, Antoine Chassot et Alexandre Schouwey (de gauche à droite) posent devant les douze cibles du stand belfagien qui font la fierté de cette société de tir à 300 m. © Alain Wicht

Patricia Morand

Publié le 09.08.2020

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Communes et sport » Qui dit Belfaux pense peut-être Alain Berset, l’incontournable conseiller fédéral de ces derniers mois. Qui entend sport dans la commune sarinoise songe à l’ES Belfaux bien établi en 2e ligue de football ou au club athlétique et ses représentants joliment capés Jean-Pierre Berset ou Elise Wattendorf, dont certaines performances font toujours office de références sur Fribourg. Mais il est également la société de tir qui occupe une place de choix dans le tissu social belfagien et s’est fait une réputation dans les stands cantonaux et même nationaux.

Quatre personnes ont répondu à la demande d’interview pour évoquer la société belfagienne: le président en poste depuis deux ans Adrien de Steiger (46 ans), le caissier Jean-Marc Sallin (70 ans), l’ancien secrétaire Alexandre Schouwey (39 ans) et le responsable des jeunes tireurs Antoine Chassot (25 ans). «En importance, nous sommes derrière le foot, qui occupe une grande place dans la vie de la commune, et l’athlétisme», glisse le président.

Une année particulière

Les Patriotes des bords de La  Sonnaz, le petit nom de la société de tir, ont 125 ans cette année. «Le 1er  Août que nous devions organiser dans le cadre de notre anniversaire a été reporté à 2021», lâche le président Adrien de Steiger. 2020 reste néanmoins une année particulière pour la société de tir à 300 m. «Nous allons assainir la butte, à savoir enlever toute la terre et la remplacer par de la non polluée. «Nous allons en même temps poser des récupérateurs de balles. Il s’agit d’un des plus gros investissements de la société depuis l’installation de cibles polytroniques.» Mettant son stand à disposition pour les tirs obligatoires, la société profite de subventions fédérales et communales pour cette coûteuse opération d’assainissement.

Doté de douze cibles, le stand de Belfaux est le plus important de la Sarine et l’un des plus grands du canton de Fribourg. «Cela se justifie par le bassin de population: Granges-Paccot, Givisiez, Corminbœuf, Belfaux et La  Sonnaz. La société de tir de Grolley a par ailleurs cessé ses activités et nous avons accueilli ses membres», souffle Adrien de Steiger. Et d’ajouter: «Notre buvette est également un point de ralliement. Sa location nous permet de vivre. Cela rapporte plus que les cotisations que nous essayons de maintenir le plus bas possible.» Il en coûte ainsi 50  francs – la licence de 12  francs payée à l’organe faîtier est incluse – pour être membre des Patriotes. «La cotisation est modeste. Cela nous permet d’investir dans la formation de la relève», assure le caissier Jean-Marc Sallin.

L’accent sur le sport

Les charges de la société tournent autour de 40 000  francs pour une année sans investissement particulier. L’achat et la vente de cartouches – 40 centimes/pièce – font partie du budget. L’organisation régulière du tir en campagne – en 1938, 1956, 1979, 1987, 1995, 2007 et 2017 – génère quelques bénéfices. «Nous espérons toujours un petit pécule, mais, en Sarine, ce n’est plus une grande fête villageoise comme dans le Lac», observe Alexandre Schouwey.

«Notre société développe le côté sportif du tir», précise Alexandre Schouwey. «L’équipement peut devenir assez coûteux», reconnaît-il. Un fusil de compétition, avec le matériel nécessaire, peut se vendre 6000  francs et parfois plus.

Au stand, le pratiquant occasionnel et le passionné cohabitent. «Il y a la personne qui ne participe qu’au tir en campagne et celle qui tire des milliers de coups par saison. Les rapports sont très conviviaux», expose Adrien de Steiger. «Ce côté 7 à 77 ans m’a toujours plu», souligne Alexandre Schouwey. «Un de nos membres a 84 ans. Le tir, c’est vraiment intergénérationnel.» Le rajeunissement des effectifs représente néanmoins le plus grand défi des Belfagiens.

«Un de nos membres a 84 ans»

Alexandre Schouwey

Ces dernières années, Belfaux a compté jusqu’à 25 jeunes tireurs. «Sur la centaine de membres actifs, trente à quarante tirent assidûment et la moitié d’entre eux participent à toutes les compétitions», constate le président.

Des heures contrôlées

En raison des mesures sanitaires dictées par la lutte contre le nouveau coronavirus, la saison des tireurs à 300 m, qui dure d’avril à fin juin pour se poursuivre en septembre, a été perturbée. «Nous avons droit à un maximum de 80 heures de tir. C’est contrôlé», expose Jean-Marc Sallin. «Et nous avons à cœur de soigner les bons rapports de voisinage», précise Adrien de Steiger. Les tympans des Belfagiens ont donc été épargnés cette année, la quasi-totalité des compétitions ayant passé à la trappe. «Nous avons tiré pour nous», conclut Adrien de Steiger souhaitant que la page se tourne.

La Liberté passe sous la loupe sportive les 133 communes fribourgeoises. Quelles activités? Quels hauts faits? Quels talents? Quelles belles histoires ou revers de fortune? Autant de pistes explorées par nos journalistes de la rubrique sportive. L’ordre de publication de cette série quotidienne est déterminé de manière aléatoire.

Du bronze au niveau national

Les frères Julien et Yann Grand font notamment la fierté de la société de tir belfagienne qui a remporté des titres fribourgeois de groupe en 2012 (catégorie D, fusil d’assaut) et en 2017 (catégorie A, armes modifiées). «Nous collectionnons les médailles d’argent avec notre groupe A depuis cinq ou six ans», applaudit Alexandre Schouwey. Belfaux a participé à trois ou quatre finales suisses de groupe en 3e catégorie, obtenant une médaille de bronze en 2006. «C’était impensable il y a une quinzaine d’années», reconnaît Adrien de Steiger avec une certaine fierté. «Pour y parvenir, il faut déjà sortir du lot dans le canton, ce qui n’est pas évident, la qualité des tireurs fribourgeois étant reconnue.» PAM


Des valeurs perpétuées de père en fils

La passion du tir se transmet souvent au sein d’une même famille. L’amitié et la tradition sont également à l’origine de l’adhésion à la société.

«On suit le père ou l’ami et on adhère. Mon père était un assez bon tireur glânois avant d’arrêter. J’ai demandé à pouvoir essayer en voyant son arme sur une armoire. J’avais 14 ans», explique Antoine Chassot qui est également collectionneur d’armes.

«J’ai découvert la discipline grâce à une connaissance de la famille», raconte Alexandre Schouwey. «Quant à moi, après l’armée, j’ai arrêté de tirer», réagit Jean-Marc Sallin. «En 1979, on m’avait enrôlé dans le comité d’organisation du tir en campagne à Belfaux. J’avais tiré et gagné une belle médaille. J’ai continué. Je suis dans la société depuis quarante ans.» Pour le président, l’amitié et la tradition sont à l’origine de son adhésion. «J’avais participé à une séance d’information dans la salle communale et j’avais retrouvé des copains d’enfance. Je me suis pris au jeu. Le tir perpétue des valeurs de camaraderie et de discipline.» PAM

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