La Liberté

La Sonnaz, sa deuxième patrie

Grand espoir de la Société d’aviron de Fribourg, Fabien Donzelli rame matin et soir sur le lac de Schiffenen
 

Fabien Donzelli passe au moins 20 heures sur son bateau chaque semaine. Alain Wicht / «La Liberté»
Fabien Donzelli passe au moins 20 heures sur son bateau chaque semaine. Alain Wicht / «La Liberté»
Publié le 04.09.2020

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Communes et sport » La Sonnaz ne se résume pas à l’impitoyable et mythique montée de la course Morat-Fribourg. La Sonnaz, c’est aussi (et surtout) une commune de 1200 habitants unissant sous la même bannière les localités de Cormagens, Formangueires, La Corbaz et Lossy.

Enfin, La Sonnaz se trouve être l’un des 28 cours d’eau répertoriés sur le site de Fribourg Région. Discret, le ruisseau se jette dans le lac de Schiffenen non loin du camp de base du seul et unique club que recense la commune sarinoise: la Société d’aviron de Fribourg (SAF). Au bout d’un chemin en pierres qui chatouillent la carrosserie des rares voitures à s’y aventurer, le havre de paix des rameurs dégage une quiétude envoûtante. Silence aussitôt brisé par des pas émanant du cabanon où dorment les bateaux.

Du hangar émerge une tête aux traits juvéniles, qui s’étonne, en voyant les chaussures éparpillées sur le ponton, que le quatre sans barreur parti à l’abordage deux heures plus tôt ne soit toujours pas de retour à bon port. Ce jeune homme s’appelle Fabien Donzelli. Il est, à 21 ans, présenté comme l’un des plus sûrs espoirs du club, sinon du canton. «Je ne dirais pas ça, mais c’est vrai que j’ai eu quelques bons résultats.» A Boston notamment, ville américaine que le modeste «skiffeur» (pilote de bateau une place) a quittée début mars – une autre époque – alourdi d’une médaille de bronze.

Déjà au comité

Son coup d’éclat aux championnats du monde des moins de 23 ans d’ergomètre (indoor) augurait un glorieux printemps… que le coronavirus a fauché. Mais il faut bien davantage qu’une pandémie pour altérer la passion dévorante de Fabien Donzelli, dont il détaille la genèse: «En quête d’un sport à l’âge de 10 ans, j’étais tombé sur un article dans La Liberté sur l’aviron. J’ai cherché un club et j’ai atterri ici.»

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Le nombre d’heures d’aviron de Fabien par semaine

Un port d’attache que l’habitant de Villars-sur-Glâne ne quitte que rarement. A raison de deux entraînements quotidiens, sept jours sur sept, celui qui est par ailleurs membre du comité de la SAF pourrait légitimement revendiquer la «naturalisation» auprès des instances communales de La Sonnaz. «Comme Fabien prenait le train tous les matins à la gare de Pensier, ses copains d’école pensaient qu’il venait du coin», raconte Christophe Compolini.

De retour sur la terre ferme, le président du club et «entraîneur officieux» de Fabien Donzelli, titre qu’il partage avec Daniel Wirth, ajoute: «Quand j’ai dit à son père qu’il ferait mieux de dévier le courrier du fiston ici, il m’a répondu qu’un lit au fond du hangar ferait l’affaire.»

Les JO, un rêve lointain

Derrière la boutade, une implacable réalité. «L’aviron est un sport ingrat, comparable au vélo. Il faut tellement d’heures d’efforts pour arriver à quelque chose. Soit tu as le feu sacré, soit tu ne l’as pas», résume Christophe Compolini. «Tombé dedans» et bien parti pour ne jamais en sortir, Fabien Donzelli rêve de ramer sur les traces de Luca Tramèr, champion olympique à Rio avec le quatre sans barreur poids léger.

«Il faut savoir que Luca s’est entraîné chez nous durant trois ans, de 2012 à 2014, le temps de ses études à l’Université de Fribourg», explique le président, qui croit son poulain lui aussi capable de briser le plafond de verre. «Fabien est trop humble et, comme tous les athlètes, n’aime pas trop évoquer les JO. Reste qu’il est impossible de faire de la compétition à ce niveau, en s’entourant par exemple d’un préparateur physique, sans y penser.»

 

«Faire une médaille aux championnats de Suisse dans deux semaines au Rotsee. C’est la seule qui manque à Fabien.» Christophe Compolini, entraîneur
 

Reste que le chemin s’annonce long et tortueux. Sa catégorie actuelle, à savoir le skiff poids léger, n’étant pas olympique, le Villarois de 72,5 kg a deux solutions: ou prendre de la masse et passer chez les «lourds», ou parvenir à intégrer un équipage de deux, quatre ou huit personnes. «Mais la catégorie poids léger est appelée à disparaître, croit savoir le duo. On ne sait pas quand le changement interviendra…» Difficile, en l’état, de faire des plans sur la comète.

Après un semestre linguistique en Allemagne, son service militaire et, il l’espère, l’école de police, Fabien Donzelli s’attaquera au monde des adultes, avec l’intention de participer, voire de s’illustrer, à des championnats du monde. Et à très court terme? «Faire une médaille aux championnats de Suisse dans deux semaines au Rotsee. C’est la seule qui lui manque», s’exclame son entraîneur.

Une performance de premier plan à Lucerne pourrait lui ouvrir à nouveau les portes de Sarnen (Obwald), où est implanté le centre national d’aviron. Lors de l’un de ses précédents passages en équipe nationale junior, il avait terminé sur le podium des championnats d’Europe. Comme quoi, ramer sur les eaux du lac de Schiffenen mène à tout. Luca Tramèr et Alex Koch, un ancien étudiant enregistré à la Société d’aviron de Fribourg au moment de sa participation aux Jeux de Barcelone en 1992, ne diront pas le contraire.
 

» La Liberté passe sous la loupe sportive les 133 communes fribourgeoises

Quelles activités? Quels hauts faits? Quels talents? Quelles belles histoires ou revers de fortune? Autant de pistes explorées par nos journalistes de la rubrique sportive. L’ordre de publication de cette série quotidienne est aléatoire.

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