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Journées de Soleure: Alain Berset évoque le streaming et les fiches

Les 55e Journées de Soleure commencent mercredi soir: ce sera la première édition de la nouvelle directrice Anita Hugi. © Keystone/URS FLUEELER
Les 55e Journées de Soleure commencent mercredi soir: ce sera la première édition de la nouvelle directrice Anita Hugi. © Keystone/URS FLUEELER
Alain Berset s'est réjoui que les Journées de Soleure soient "le lieu où l'on observe attentivement ce qui risque d'être balayé sous le tapis" (archives), à l'image du scandale des fiches qui a ébranlé la Suisse à la fin des années 1980 (archives). © KEYSTONE/ANTHONY ANEX
Alain Berset s'est réjoui que les Journées de Soleure soient "le lieu où l'on observe attentivement ce qui risque d'être balayé sous le tapis" (archives), à l'image du scandale des fiches qui a ébranlé la Suisse à la fin des années 1980 (archives). © KEYSTONE/ANTHONY ANEX


Publié le 22.01.2020


Les opérateurs de streaming doivent investir dans le film suisse. Tel est en substance le message délivré par Alain Berset en ouverture des 55es Journées de Soleure. Le ministre a en outre commenté le film d'ouverture "Moskau Einfach!" évoquant le scandale des fiches.

Nominé pour le Prix du public, la comédie "Moskau Einfach!" ("Moscou aller simple!") de Micha Lewinsky traite du scandale sur un ton léger, tout en rappelant, à travers des éléments documentaires, le sérieux de l'affaire qui a ébranlé la Suisse il y a 30 ans. La fiction raconte les péripéties d'un inspecteur de police infiltrant le Schauspielhaus de Zurich en 1989 pour y réunir des informations sur les acteurs de gauche.

"Le scandale des fiches nous bouleverse aujourd'hui encore", a déclaré mercredi soir le ministre de la culture dans son discours inaugural devant près de 900 invités. Le film d'ouverture de l'édition 2020 des Journées de Soleure constitue un voyage dans le temps dans une Suisse qui considérait comme une subversion tout ce qui ne soutenait pas clairement le pouvoir, a commenté Alain Berset.

Un festival attentif à ce qui dérange

Cette surveillance de larges cercles de la population incarnait en réalité une attitude "non suisse", a dénoncé le conseiller fédéral. Et de se féliciter que le festival du cinéma suisse soit depuis toujours un lieu où l'on observe avec attention ce qui risque d'être balayé sous le tapis.

Soulignant l'importance du cinéma suisse de nos jours, le ministre de l'intérieur a déclaré que "plus les changements sont rapides dans la société, plus il est nécessaire que la Suisse réelle apparaisse aussi dans les films, au risque que notre image se fige. Et cela pourrait conduire à un affaiblissement de notre diversité culturelle".

De même, Alain Berset a rappelé les buts de la politique culturelle suisse en matière de streaming du cinéma: "ceux qui proposent des films en streaming doivent à l'avenir aussi investir dans le cinéma suisse", a-t-il soutenu. Le ministre a aussi défendu l'introduction d'un quota minimal en la matière, destiné aux films européens.

Prix de Soleure

Jusqu'au 31 janvier, 178 films suisses sont projetés à Soleure. Les oeuvres évoquant la guerre, les réfugiés et le changement climatique tiennent le haut de l'affiche. Doté de 60'000 francs, le Prix de Soleure réunit neuf documentaires et trois fictions, qui s'illustrent par leur humanisme. Parmi eux, quatre sont réalisés par des francophones.

On y découvre "À la recherche de l'homme à la caméra", de Boutheyna Bouslama, qui se penche sur le cas d'un activiste média disparu dans la guerre en Syrie. Dans "Mon cousin anglais", le lauréat de la dernière édition Karim Sayad évoque pour sa part le déchirement d'une vie ballottée entre l'Angleterre et l'Algérie.

Autre film d'un réalisateur romand, "O Fim Do Mundo" de Basil Da Cunha traite du quartier cap-verdien de Lisbonne, Reboleira, menacé de démolition. "Citoyen Nobel" de Stéphane Goël montre, lui, comment le scientifique Pierre Dubochet a mis sa soudaine gloire au service de la société civile et de la protection du climat.

Parmi les oeuvres germanophones en compétition, "Arada" de Jonas Schaffter est consacrée à trois criminels frappés d'expulsion du territoire suisse alors qu'ils y ont grandi. "Al-Shafak" d'Esen Isik thématise, de son côté le gouffre du fanatisme religieux à la frontière turco-syrienne.

Prix du public

Le Prix du public, doté de 20'000 francs, rassemble sept fictions et et cinq documentaires. Parmi ces films, on trouve le fameux "Bruno Manser" de Niklaus Hilber sur le défenseur de l'environnement disparu en Malaisie.

Les oeuvres romandes en compétition sont "Tambour battant" de François-Christophe Marzal, "Le milieu de l'horizon" de Delphine Lehericey, "Les Particules" de Blaise Harrison, "Delphine et Carole, insoumuses" de Carole Rossopoulos et "Madame" de Stéphane Riethauser.

Une récompense connaît d'ores et déjà sa lauréate. Il s'agit d'un Prix d'honneur attribué à la distributrice de film Bea Cuttat. La distinction lui sera remise lundi prochain.

D'autres moments forts marquent cette 55e édition emmenée par la nouvelle directrice Anita Hugi. Parmi eux, le programme "Histoires du cinéma suisse" est consacré à trois réalisatrices, productrices et actrices romandes: Patricia Moraz, Christine Pascal et Paule Muret.

ats

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