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Un premier pétrolier iranien est arrivé au Venezuela

Le pétrole acheminé par l'Iran doit donner un peu de répit au Venezuela qui connaît une grave pénurie d'essence. Cette dernière a provoqué des files d'attentes kilométriques devant les stations-service, comme ici à Caracas (archives). © KEYSTONE/AP/ARIANA CUBILLOS
Le pétrole acheminé par l'Iran doit donner un peu de répit au Venezuela qui connaît une grave pénurie d'essence. Cette dernière a provoqué des files d'attentes kilométriques devant les stations-service, comme ici à Caracas (archives). © KEYSTONE/AP/ARIANA CUBILLOS


Publié le 26.05.2020


Le premier de cinq pétroliers envoyés par l'Iran au Venezuela pour lui fournir des carburants et apaiser la pénurie d'essence est arrivé lundi dans un port vénézuélien. Cette livraison intervient en plein regain de tension entre Téhéran et Washington.

Le Fortune a accosté tôt lundi à El Palito, à environ 200 km à l'ouest de Caracas, une énorme raffinerie dotée d'un port.

Les navires "apportent des combustibles, des additifs, des pièces de rechange et d'autres équipements destinés à redresser notre capacité de raffinage et notre production pétrolière", a déclaré Tareck El Aissami, le ministre du Pétrole du président socialiste Nicolas Maduro lors d'une cérémonie protocolaire sur place.

Peu après l'arrivée du Fortune, la Marine vénézuélienne a annoncé qu'un deuxième pétrolier iranien, le Forest, avait pénétré dans les eaux territoriales vénézuéliennes. Les trois autres navires - le Petunia, le Faxon et le Clavel - doivent arriver dans les prochains jours.

Au total, les cinq pétroliers envoyés par la République islamique transportent 1,5 million de barils, selon la presse vénézuélienne. Tant l'extraction de brut que son raffinage sont à genoux au Venezuela, pays qui traverse la pire crise économique et sociale de son histoire récente.

Pénurie de carburant

Si le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, il ne produit plus qu'environ 622'000 barils par jour, soit un cinquième de son volume d'il y a dix ans, selon l'Opep.

Le gouvernement de Nicolas Maduro estime que les sanctions américaines sont responsables de cette situation. Des experts et l'opposition autour de son chef de file Juan Guaido l'attribuent à des choix politiques erronés, au manque d'investissements et à la corruption.

Cet effondrement s'est largement répercuté sur la distribution de carburants. Depuis un peu plus de deux mois, une très grave pénurie sévit dans tout le pays, au moment même où le Venezuela est soumis à un confinement quasi total censé juguler la propagation du coronavirus.

A Caracas, d'ordinaire épargnée par les pénuries d'essence, des files d'attente kilométriques se sont formées devant les stations-service. Sur le marché noir, le litre se vend jusqu'à trois dollars. Un prix astronomique au regard de la quasi gratuité de l'essence à la pompe assurée par le monopole d'Etat.

"Conséquences" et "inquiétude"

Les carburants iraniens vont donner "un peu d'air" à Nicolas Maduro "pendant un mois", mais ils ne vont pas "régler la très grave" pénurie, prévient l'analyste vénézuélien Luis Oliveros.

Les livraisons de carburant de l'Iran au Venezuela interviennent en plein regain de tension entre Téhéran, allié de Nicolas Maduro, et Washington. L'Iran a mis en garde ces derniers jours contre des "conséquences" si les États-Unis empêchaient ses livraisons au Venezuela.

L'amiral Craig Faller, qui dirige le commandement Sud des États-Unis dans les Caraïbes, a déclaré que Washington suivait "avec inquiétude" les actions de l'Iran concernant le Venezuela, sans s'exprimer spécifiquement sur les pétroliers iraniens.

Washington, qui qualifie Nicolas Maduro de "dictateur" et souhaite sa chute, a imposé des sanctions sur les exportations de brut du Venezuela et de l'Iran, ainsi qu'à l'encontre de nombreux responsables gouvernementaux et militaires des deux pays.

ats, afp

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