Les relents de vinasse, les puanteurs corporelles et les fureurs païennes accompagnent le lecteur du premier roman de Pierre de Cabissole, Le carnaval sauvage. Il y est question de la choquante bacchanale des «Pouyes»: l’espace d’une journée d’automne, les garçons du village, déguisés, pourchassent les filles, vêtues de blanc et condamnées à la souillure. Inspiré d’un rite viticole vivace quelque part dans le sud de la France, ce roman met en scène Maria, une lesbienne qui, dégoûtée par ces débordements, revient pourtant au pays, après quelques années d’études en ville, pour y revoir Agnès, un amour de jeunesse, et la sauver de cet univers délétère. Le retour de Maria réveille de vieilles rancœurs auprès de garçons naguère humiliés par une Maria qui ne s’en laisse pas conter.

La narration est tendue comme la corde d’un violon. On regrette le caractère hautain de Maria face à des villageois qu’elle ne porte plus dans son cœur: l’auteur ne parvient pas à la rendre tout à fait at