Musique: Darius vernit son album samedi à Fri-Son
Le groupe fribourgeois de noise rock instrumental présentera sur scène Murmuration. Dans cet opus, il est allé encore plus loin.
Tamara Bongard
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Le dernier concert de Darius remonte à décembre 2022. Autant dire que le groupe fribourgeois trépigne à l’idée d’en redonner un samedi à Fri-Son, qui plus est pour présenter son tout nouvel album Murmuration. Le combo s’est dérouillé les doigts et les neurones pour composer et enregistrer ces titres l’année dernière, continuant ainsi avec ce troisième opus à creuser le sillon d’un rock désormais davantage noise que post.
«Nous avons été plus loin dans l’écriture», observe Sylvain Aebischer, un des guitaristes du quintet instrumental. Dans leur local, ils ont installé un système d’enregistrement leur permettant de faire des prémaquettes de leurs idées. Les micros ont saisi des moments où naissent parfois de manière organique des morceaux, des instants où les musiciens développent un ancien riff n’ayant pas abouti ou une nouvelle inspiration amenée par l’un d’entre eux. De quoi aller plus vite dans la composition, bien qu’ils n’aient jamais autant expérimenté dans leurs univers polyrythmiques.
Un regard de Laval
Ils ont aussi été plus précis dans la manière de façonner leurs morceaux. Pour la seconde fois, ils ont travaillé avec l’ingénieur du son Amaury Sauvé à l’Apiary Studio à Laval, en France, une collaboration leur offrant un regard extérieur sur leurs sonorités. Quelques semaines avant l’enregistrement définitif, le producteur-médiateur a convié les musiciens pour un filage de leurs morceaux capté sur le vif. Ils les ont ensuite écoutés ensemble, décortiquant leurs intentions, pointant les accidents heureux ou malheureux dans un processus leur permettant d’affiner leurs envies.
Ils ont ainsi réfléchi à la place de chaque instrument dans les créations et aux arrangements qu’ils souhaitaient leur donner. Sans bagage théorique musical, ils se sont trouvé un langage commun pour en discuter. «Cela nous a aidés à structurer notre musique, note Sylvain Aebischer. Nous sommes aussi arrivés hyperprêts à l’enregistrement. On était un peu plus relax.»
Titres loufoques
Ce qui a guidé les cinq musiciens pour cet opus? «Nous savions ce que nous ne voulions pas: refaire ce que nous avions déjà fait. Le moteur principal était de faire aussi bien que le précédent. Au final, je suis content, je préfère ce disque», répond le guitariste. «Murmuration est dans la continuité des autres albums mais il est plus cohérent et avec une esthétique peaufinée», ajoute Julien Bernard, le batteur.
«Murmuration est dans la continuité des autres albums mais il est plus cohérent et avec une esthétique peaufinée»
Julien Bernard
Les noms des titres, eux, sont toujours aussi loufoques. Des reliquats de titres de travail, un peu bêtes, qui contrastent avec les intentions bien plus profondes qui les sous-tendent. Dans le format physique du disque, des petites explications accompagnent ainsi ces créations sonores, contenues désormais dans des durées avoisinant les cinq minutes, soit d’une relative brièveté par rapport à leurs œuvres antérieures.
«Nous sommes plus efficaces dans la narration, nous posons mieux les ambiances», explique le batteur. Sylvain Aebischer complète: «Avec le temps, nous n’avions plus envie de très longs morceaux. Nous voulons toujours qu’il se passe quelque chose et nous voulons une musique qui donne envie de danser plutôt que de dormir.»
Pour le passage à la scène, ils ont travaillé lors d’une résidence artistique de trois jours dans le club fribourgeois. Les morceaux, nouveaux et anciens, ne vont toutefois pas beaucoup s’éloigner de leurs enregistrements. En revanche, les musiciens ont bossé sur leur ordre de passage, sur leur enchaînement, afin que leur show raconte une histoire qui se tienne, et pour tenir compte de contraintes humaines et pratiques.
«On se réjouit de partager cet album avec le public», résume Sylvain Aebischer, qui pense que le programme de la soirée de samedi devrait titiller les mélomanes. Elle offrira en effet un joli voyage dans la musique helvétique avec les Châtelois de Glaascats au rock alternatif et Beurre, une formation neuchâtelo-lucernoise plus expérimentale.
Cet été, à la faveur d’une accalmie sur le front des lives, Darius essaiera de composer de nouveaux titres. Une manière d’accueillir tout à fait le nouveau bassiste qui est arrivé en début d’année et qui n’a pas encore mis la patte à la création. Affamés de scène, les Fribourgeois cherchent également à jouer du côté alémanique et à l’étranger. Ils ont d’ailleurs déjà une date de fixée, le mois prochain, à Paris.
>Sa 20 h FribourgFri-Son.